Photo publiée avec l'aimable autorisation de © Marius Bar (www.mariusbarnumerique.fr)
Sous-marin Q176 VESTALE de 630 tonnes classe Argonaute de moyenne patrouille à double coque, dit de Défense côtière


Liste des membres de l'association qui ont embarqué sur la VESTALE


Récit tiré des notes du capitaine de vaisseau GUERRIER décédé le 21 septembre 2005, qui nous ont été obligeamment communiquées par sa famille

Affecté aux sous-marins en décembre 1940 à TOULON, grâce à son camarade MILLÉ, l'enseigne de vaisseau Jacques GUERRIER embarque sur le sous-marin "LA VESTALE".

"LA VESTALE" n° 171 est un sous‑marin de 630 tonnes de défense côtière construit aux chantiers SCHNEIDER de CHALON‑SUR‑SAÔNE, admis au service actif le 18 septembre 1934. Elle fait partie de la 17ème DSM avec "LA SULTANE" et "L'ARETHUSE". La 17ème DSM appareille, sous menace anglaise, pour effectuer la relève de la 16ème DSM à DAKAR.

Après une escale à CASABLANCA, la 17ème DSM arrive à DAKAR. En avril 1942 "LA VESTALE" appareille pour CASABLANCA puis rallie TOULON pour un carénage jusqu'en 1942.  Nouveau transit avec escale à CASABLANCA puis DAKAR qu'elle atteint en novembre 1942.

Les mois qui vont suivre verront la sousmarinade payer un lourd tribut au débarquement des alliés en afrique du nord.

La 17ème DSM a maintenant repris le combat auprès des alliés et rallie ORAN où elle est incorporée au sein de la base des sous‑marins d'ORAN en mars 1943.

Le 18 mai 1943, "LA VESTALE" commandée par le lieutenant de vaisseau ATTANE appareille au sein d'un convoi composé du pétrolier d'escadre "LA DROME" escorté par trois patrouilleurs et un dragueur de mines, tous britanniques.

"LA DROME" et un patrouilleur quittent le convoi pour rallier TENES. A 17 h, le dragueur de mines placé en tête du convoi, signale une avarie et reste en arrière du groupe. "LA VESTALE" poursuit sa route à 10 noeuds, escortée par les deux patrouilleurs.

La nuit tombe, la mer est calme, le ciel dégagé et la lune brillante malgré quelques bancs de brume. Le commandant recommande à l'officier de quart de ne pas rentrer à l'intérieur de la zone située à moins de dix nautiques au nord de TENES, car tout sous‑marin peut y être attaqué sans préavis.

À 23 h 20, un avion survole le sous-marin puis s'éloigne en lançant une fusée rouge. Le commandant monte à la passerelle mais tout semble redevenu normal.

À minuit, l'enseigne de vaisseau Jacques GUERRIER monte à la passerelle pour la relève de quart. Peu après, l'officier de quart signale une masse noire à quatre mille mètres sur tribord avant. Le commandant identifie un escorteur anglais qu'il pense être en patrouille devant TENES.

C'est en fait l'escorteur, HMS WISHART, affecté à la protection d'un convoi britannique qui venait d'être attaqué par un U‑Boot. L'escorteur évolue afin de masquer sa silhouette par rapport à la lune. "LA VESTALE", en tenue de veille, est dans l'impossibilité d'émettre les signaux de reconnaissance, car le projecteur n'est plus à la passerelle.

Alors qu'il manoeuvre pour éperonner le sous-marin, l'escorteur ouvre le feu avec ses pièces de 40 mm et ses Oerlikon de 20 mm. Autour du sous-marin, la mer est hachée par les balles et les obus. La baignoire est touchée à de nombreuses reprises. Le commandant fait allumer un feu à main et manoeuvre pour éviter l'étrave de l'escorteur lancé à trente noeuds.

Le WISHART se rend compte de sa méprise et manœuvre également… mais trop tard… La collision est inévitable ! Les ballasts sont crevés, mais la coque épaisse n'est pas endommagée.

Les canonniers du WISHART, emportés par leur fureur, continuent de tirer à la mitrailleuse et aux canons de 20 mm. En passerelle, tous les hommes sont blessés : le Commandant est touché, l'enseigne de vaisseau BRANCHE, les deux pieds arrachés par les obus de 40 mm, agonise. Les enseignes de vaisseaux DOORNE, ANDRIEUX et GUERRIER sont blessés.

Les officiers anglais réussissent enfin à faire cesser le feu. Les blessés graves sont pris en charge par les britanniques. L'enseigne de vaisseau de 1ère classe BRANCHE ne survivra pas à ses blessures, son corps sera immergé en mer.

Malgré de graves avaries, "LA VESTALE" est remorquée à TENES. Le commandant a sauvé son bâtiment qui a bien failli couler. L'enseigne de vaisseau Jacques GUERRIER, blessé par un éclat d'obus à la jambe, est soigné à l'hôpital d'ORAN. Mais "LA VESTALE" n'est plus en état de reprendre le combat et elle est placée en réserve spéciale pour réparations. En 1944 "LA VESTALE" est encore employée pour les écoles d'écoute à FREETOWN. Elle est désarmée en août 1946.