Propos recueillis par Louis GICQUEL (Ancien du sous-marin CASABIANCA - 1940-1946)

Chalutier Ingénieur Hydrographe Nicolas (Ex chalutier allemand Otto Brohan)


 Membres de l'association qui ont embarqué sur le MORSE


Embarqué à bord de l'Ingénieur Hydrographe Nicolas au début de l'année 1950 comme maître électricien chargé du matériel électrique et de navigation, une deuxième fonction m'a été attribuée celle de capitaine d'armes.

Voici quelques mots sur l'origine de ce bâtiment long de 60 mètres, jaugeant 1500 tonnes, ancien chalutier allemand (ex Otto-Brohan) sabordé à Blainville en Normandie au moment du débarquement des alliés, renfloué après une immersion d'environ trois ans, il reçu après sa remise en état et sa transformation le nom du jeune ingénieur hydrographe Nicolas tué à Dunkerque en juin 1940. Il était sous le commandement d'un officier d'équipage de 1ère classe avec 65 à 70 hommes à bord. Ce bâtiment était destiné à la recherche d'épaves et à des travaux hydrographiques. A savoir que la chaudière de la chaufferie était alimentée par des briquettes de charbon ce qui réduisait l'autonomie  du bâtiment et obligeait le retour au port assez souvent pour effectuer la corvée de charbon appelée "bataille des fleurs" !!! corvée désagréable pour le second maître chouff ...!... et l'équipage.

La mission du bâtiment comme tous les bâtiments de son genre consiste à la recherche des épaves susceptibles de constituer un danger pour la navigation, épaves de navires coulés généralement pendant les hostilités et à situer leur gisement sur les cartes marines. Ces recherches sont effectuées à l'aide de l'ASDIC (Anti-Submarine Detection Investigation Committee), de sondes et de dragues. Pour ce genre de travaux, il dispose également de 4 embarcations à moteur spécialement conçues pour les opérations de dragage et de sondage ainsi que de scaphandres autonomes et des hommes parfaitement entraînés plongeant en toutes saisons. Lors de mon séjour à bord, un nouveau système de repérage a été expérimenté, il s'agissait de laisser traîner un tube qui créait un champ magnétique et enregistrait les masses métalliques à proximité, toutes les informations étaient enregistrées sur un tableau situé dans l'embarcation, un moyen qui s'avéra très performant par la suite.

Mission hydrographique sur les côtes Tunisiennes

Parti de Bizerte pour aller jusqu'au Golfe de Gabès, arrivé devant Sfax, vers les îles Kerkennah le 23 mars 1950, lors d'une opération de dragage la drague d'une des embarcations se raidit fortement et accroche au fond. Aussitôt l'Ingénieur en chef hydrographe responsable donne l'ordre à un plongeur de descendre le long d'un bout lesté par une gueuse à l'endroit matérialisé par une bouée, le plongeur refait surface en indiquant avoir aperçu vraisemblablement la silhouette d'un sous-marin, le responsable lui donne des instructions en précisant l'endroit du kiosque qu'il devra gratter pour trouver le nom du sous-marin, le plongeur redescend et remonte en surface en précisant qu'il a vu la plaque et qu'il s'agit du sous-marin MORSE, sitôt signalé aux autorités Maritimes et au Service des phares et balises de la région afin de mouiller une bouée d'épave jaune. Le sous-marin MORSE a été retrouvé et identifié à 4 nautiques dans le 207 de la bouée n° 7 des îles de Kerkennah.

Le 10 juin 1940, le sous-marin MORSE appareillait en opérations de guerre avec le sous-marin CAÏMAN mais seul ce dernier était rentré de sa mission. La disparition du sous-marin MORSE se situe entre le 13 et le 16 juin 1940.

 Sous-marin Q117 MORSE de 1200 tonnes classe Requin

Cette journée du 23 mars aura été riche en évènements, l'exploration de l'épave a permis de relever une brèche importante sans doute causée par une mine, ce qui a provoqué la disparition d'une cinquantaine de victimes. (Il était commandé par le lieutenant de vaisseau Paris). Vous trouverez l'endroit où il a été retrouvé par une croix sur la carte de la côte Tunisienne de Sfax au Ras Ashdir. 

 Position de l'épave du MORSE (Q117)

On apprendra par la suite que le "Morse" fut renfloué en 1956, vous trouverez ci-joint photocopie prise sur la revue "Plongée" 1998/2000 de l'AGAASM page  79. Un monument fut érigé à leur souvenir.

Monument du sous-marin Morse (Q117) au cimetière de Gammarth à 30 km de Tunis

À La fin de la mission sur les côtes Tunisiennes le bâtiment est rentré à Brest pour subir un grand carénage et la presse locale a relaté la disparition et le repérage du sous-marin Morse par l'ingénieur Hydrographe Nicolas. Le bâtiment a été condamné le 12 août 1960.