ROLAND MORILLOT (ex U-2518) - Un peu d'histoire

Écrit par : Christian Lecalard
Modifié par : Philippe Bonnaure

Sous-marin S613 ROLAND MORILLOT (ex U-2518 de type XXI) de 1620 tonnes

Membres de l'association qui ont embarqué sur le ROLAND MORILLOT (S613)

Les sous-marins du type XXI furent construits aux Chantiers BLOHM ET VOSS à HAMBOURG (Allemagne). Le premier, l'U-2501 entra en service le 17 juin 1944. 118 sous-marins de ce type furent mis en service jusqu'en mai 1945 :

  • 3 sont détruits par des mines : U-2538, U-3519, U-3520.
  • 5 disparaissent suite à des attaques aériennes en surface : U-2521,  U-2534, U-3028, U-3030, U-3523.
  • 13 se rendent aux alliés : U-2502, U-2506, U-2511, U-2513, [ U-2518 ], U-3017, U-3035, U-3041, U-3515, U-2529, U-3008, U-3032.
  • 25 sont détruits lors des raids aériens sur les ports : les U 2509, 2514, 2515, 2523, 2530, 2532, 2537, 2549, 2550, 3007, 3036, 3042, 3043, 3045, 3046, 3502, 3508, 3003, 3505, 3512.
  • Quatre vingt huit ont été sabotés par les équipages ou en cours de finitions : U-2501, 2504, 2505, 3004, 3005, 3006, 3503, 3506, 3509, 3518, 2507, 2508, 2512, 2517, 2519, 2520, 2022, 2525, 2526, 2527, 2528, 2531, 2533, 2535, 2536, 2539, 2540, 2541, 2543, 2544, 2545, 2546, 2548, 2551, 2552, 3001, 3002, 3009, 3010, 3011, 3012, 3013, 3014, 3015, 3016, 3018, 3019, 3020, 3021, 3022, 3023, 3024, 3025, 3026, 3027, 3029, 3030, 3031, 3033, 3034, 3038, 3039, 3040, 3044, 3047, 3048, 3049, 3050, 3051, 3501, 3504, 3507, 3510, 3511, 3513, 3516, 3517, 3521, 3522, 3524, 3525, 3526, 3527, 3528, 3529, 3530, 3536.

L'U-2518 entra en service dans la Marine allemande le 4 novembre 1944. C'est un des treize sous-marins de ce type qui s'est rendu aux alliés en mai 1945. Il a été saisi à HORTEN en Norvège le 29 mai 1945 et transféré en Angleterre au cours de l'été.

D'abord prêté à la Marine Française par la Royal Navy le 14 février 1946 il garde le numéro 2518 jusqu'à sa session définitive à la France en 1950. Il prend alors le nom de ROLAND MORILLOT, nom du Lieutenant de Vaisseau commandant le sous-marin MONGE, disparu avec son bâtiment en 1915 en Mer Adriatique.

  • Le 22 août 1949, l'U-2518 appareille de Lorient pour rejoindre Toulon en plongée.
  • Le 8 septembre 1949 l'U-2518  fait surface à deux nautiques (3700m) du Cap CEPET, qui marque l'entrée de la grande rade de Toulon. La navigation en plongée a durée 400 heures à une vitesse moyenne de 5 à 6 noeuds, ce qui constitue un exploit pour l'époque.
  • Le ROLAND MORILLOT reste opérationnel jusqu'en 1964.
  • En 1965 ses tubes lances torpilles sont condamnés et le poste torpilles est transformé en compartiment technique dans lequel sont installés des appareils de mesures en tout genre destinés à des expérimentations qui seront menées jusqu'en 1967 au profit de la Commission d'Études Pratiques des Sous-Marins de Toulon (CEPSM). Ces études permettront de donner naissance aux sous-marins de 1200 tonnes de la classe NARVAL :
  • Le 17 octobre 1967 le ROLAND MORILLOT est retiré du service actif à Toulon.
     

Sous-marin S613 ROLAND MORILLOT (ex U-2518 de type XXI) de 1620 tonnes - 1962 : À Kéroman, La proue du Roland Morillot au bassin K III à la fin du carénage

Sous-marin S613 ROLAND MORILLOT (ex U-2518 de type XXI) de 1620 tonnes - 1962 : À Kéroman, La poupe du Roland au Bassin K III à la fin du carénage

Caractéristiques principales
  • Longueur :  76,7 m - Diamètre : 6,60 m.
  • Immersion : 150 - 200 m - Immersion de destruction : 400 m.
  • Vitesse : En surface : 15,5 noeuds - En plongée : 17, 5 noeuds.
  • Deux moteurs électriques principaux : 2500 CV - Deux moteurs électriques de croisière
  • Deux moteurs diesels MAN de 1000 CV.
Caractéristiques opérationnelles
  • Distance franchissable : 15 600 nautiques (28 900 km) à 10 noeuds.
  • Autonomie en plongée profonde : 360 nautiques (670 km) à 5 noeuds - 110 nautiques (200 km) à 10 noeuds.
  • Prise de plongée : 18 secondes.
Armement
  • 6 tubes lances torpilles intérieurs de 533 m/m - Immersion de lancement jusqu'à 30 m grâce à un circuit d'équilibrage.
  • 23 torpilles : G7A (moteur quatre cylindres alimenté par un mélange alcool + air comprimé) et G7E (moteur électrique).
  • Panachage possible de 17 torpilles et 12 mines.
  • Défense anti-aérienne : deux tourelles doubles de 37  m/m à l'avant et à l'arrière du massif (supprimées lors du passage sous pavillon français).

Les torpilles disposent du système de guidage LUT (LageUnabhängiger Torpedo) mis au point à partir de 1944, qui permet d'effectuer des lancements indépendamment des trajectoires du sous-marin lanceur et de la cible. Les torpilles réalisent ensuite une trajectoire en lacet centrée autour de la route de la cible ou du convoi jusqu'à l'impact.

Le volume de la cale du poste torpilles est dimensionné pour recevoir un volume d'eau équivalent à celui des six tubes lances torpilles. Cette caractéristique permet, si nécessaire, un rechargement très rapide des 6 tubes lance torpille avec une nouvelle arme (torpille ou mine) par une vidange directe des tubes dans la cale en ouvrant la porte culasse des tubes.

Petite anecdote

Après une alerte technique au schnorchel, donnée tardivement, les deux diesels ont été noyés. Après avoir été virés pour un nouveau lancement, le moteur tribord, après avoir craché quelques litres d'eau, daigne redémarrer. Le moteur bâbord, une bielle en "V", ne veut plus rien savoir. Depuis ce jour, le moteur tribord a été baptisé "ZOUPIR" et le moteur bâbord "KATASTROFF".

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